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le projet

Dimitri, Décembre 2016

L’atelier, la maison, le jardin, les trois endroits sont un tout, le témoignage d’un artiste, de son esthétique et de son époque. La résidence que nous mettons en place témoigne d’une volonté de continuité. Il s’agit d’entretenir un savoir-faire et de préserver une mémoire, mais aussi et surtout de la faire connaître et de la faire vivre.

Culot 70

Dans ce cadre, il nous semble nécessaire d’ouvrir l’Atelier Pierre Culot à d’autres artistes et à d’autres pratiques. Cet atelier doit vivre autant par ses références, son passé, sa collection et les créations de Pierre que par ce qui peut y être créé aujourd’hui. Son patrimoine sera ainsi interrogé. Cette résidence permettra à l’atelier de rester dans le vivant, le dialogue et le questionnement. Ces rencontres sont d’autant plus nécessaires que le monde de l’art vit un moment passionnant, où l’on voit les frontières entre les disciplines, entre le design, la sculpture, l’architecture et l’artisanat s’estomper.

Dimitri Jeurissen, art director & collector, Founding partner BaseDesign
Culot 62

artistes en résidence

Eric Croes 3

Éric Croes, 2018

Éric Croes naît à La Louvière en 1978. Il grandit à Jodoigne, puis rejoint, à 19 ans, l’Atelier sculpture de la Cambre. Après cette formation, il élargit ses recherches, touche à différentes disciplines – aquarelle, peinture, encre, sculpture – avant de s’intéresser à la céramique. Il fréquente les cours du soir de l’Académie d’Etterbeek, où l’intérêt pour la céramique se révèle être une passion. Composant des objets simples et usuels, l’artiste retrouve dans l’émaillage la profondeur des couleurs qu’il aimait, plus jeune, en peignant. En 2014, il achète un premier four, puis installe un atelier de céramique dans sa cave, où il poursuit ses recherches sur les émaux. L’artiste aborde la céramique comme une écriture, un moyen de raconter des histoires. L’« art du feu », comme on le qualifie, lui plaît également, car la création subit une transformation causée par la cuisson qu’il ne peut complètement maîtriser. Éric Croes est et reste sculpteur. Il vit et travaille à Bruxelles. Il est le premier résident de l’Atelier Pierre Culot.

Eric Croes 1

Chez Éric Croes, le geste part d’une histoire, d’un livre, d’une chanson, voire d’un texte qui lui parle et le motive. Pour cette première résidence à l’Atelier Pierre Culot, Éric a relu l’Écume des jours, ce roman, ou plutôt ce conte, écrit par Boris Vian, publié en 1947. Dans un univers imaginaire où il peut se tailler les paupières en biseaux, Colin, le héros, connaît l’amour fou avec Chloé, une jeune femme gracile et douce, qu’il rencontre lors de la fête d’anniversaire du caniche Dupont. Le couple se marie, mais Chloé tombe malade : un nénuphar lui pousse dans le poumon. Pour la guérir, Colin doit lui offrir des fleurs coupées. Ces offrandes sont source d’inspiration pour Éric Croes. À sa manière, le sculpteur s’invente un univers, racontant une histoire en reprenant divers éléments du livre pour ses créations : l’éléphant de Jean-Saul Partre, le clou de Jésus, la botte des cavaliers rouges, les nénuphars et les papillons, etc. Ses créations réalisées dans le cadre de la résidence, le vase Colin et le vase Chloé, sont des œuvres aussi originales que généreuses, très personnelles, et pourtant respectueuses du poétique bric-à-brac de la fiction. À chacun sa poésie...

Dewar & Gicquel, 2018
avec la participation de Richard Dewar

La seconde résidence a été assurée par les sculpteurs Daniel Dewar & Grégory Gicquel, un duo franco-britannique récompensé du prix Marcel-Duchamp en 2012. Opérant ensemble depuis 1997, ces artistes ont renoué avec les pratiques traditionnelles de la sculpture, tout en créant dans leurs représentations des images contemporaines et complexes.

La sculpture selon Daniel Dewar & Grégory Gicquel réclame un engagement physique. Les artistes taillent la pierre et le bois, modèlent l'argile et cuisent le grès au grand feu dans un four qu'ils ont construit dans leur atelier.

Ils insistent sur la notion de savoir-faire tant pour eux la compréhension des techniques est fondamentale dans le développement de leur œuvre.

Les artistes parlent aussi de transmission. Ils ont collaboré à l’Atelier Pierre Culot avec Richard Dewar, le père de Daniel, céramiste renommé. Une rencontre enrichissante car Richard Dewar, à l’instar de Pierre Culot, s’est nourri dans sa jeunesse, dans les années 70, de la tradition de la poterie anglaise et japonaise, notamment par la rencontre du travail de céramistes tels que Bernard Leach et Shoji Hamada.

Les œuvres réalisées à la résidence sont réalisées en grès émaillés de couleurs vertes et brunes que les artistes utilisent couramment dans leur production. Une série de muraux en carreaux de carrelage desquels jaillissent à l'horizontale et non sans humour des formes de poteries tournées à la main. Une tasse, une bouteille, un pichet et d'autres objets utilitaires liés à l'Histoire de la manufactures des poteries, perdent ici leur fonction en faisant subitement face au spectateur.

Puis apparaissent des objets plus inattendus, des pipes et des flûtes, également posés à la l'horizontale.

En invitant le spectateur à y aspirer la fumée ou à y souffler pour créer un son, ces objets à l'utilité primaire rappellent enfin la fonction essentielle de la poterie qui est de faire transiter les éléments de l'extérieur vers l'intérieur du corps, et vice versa.


Richard Dewar

Les artistes Daniel Dewar (1976, UK) et Grégory Gicquel (1975, FR) ont initié leur collaboration en tant qu'étudiants et travaillent ensemble depuis lors. Leur création iconoclaste viole les codes préétablis de la sculpture et implique un réengagement physique continu avec des matériaux et des processus grâce à une hypersensibilité liée aux savoirs-faire et à la tradition du medium. L'affichage de l'érudition et de l'anarchie joyeuse est compensé par les nombreuses manières dont les références souvent utilisées portent un regard sur le passé, n’omettant pas en passant, de jeter une ombre ironique sur le présent.

Richard Dewar a consacré sa vie à la fabrication de céramiques. Né en Angleterre en 1948, il étudie à la Bath Academy of Art puis à la Harrow School of Art, après quoi il établit son premier studio dans la forêt de Dean en 1972. Sept ans plus tard, il s'installe en France et travaille en Loire-Atlantique puis plus récemment dans le département du Morbihan où il continue à produire des pièces individuelles en grès cuite au feu de bois. Richard expose à l'international et son travail apparaît dans des collections privées et publiques du monde entier.

Parmi les expositions personnelles récentes, citons The Mammal and the Sap, Portikus, Francfort (2017), Le Nu et la Roche, Hab galerie, Nantes (2016), Le nu et la sève, Witte de With, Rotterdam (2017), Digitalis, KIOSK, Gand (2016); Peintures murales en grès, Etablissment d'en face, Bruxelles (2015); La jeune sculpture, musée Rodin, Paris (2014); Le Hall, Centre Pompidou, Paris (2013); Jus d'orange, Palais de Tokyo, Paris (2013) et Crêpe Suzette, Spike Island, Bristol (2012). Parmi les expositions collectives récentes figurent Pastoral Myths, La Loge 2015; Les mots ne sont pas la chose, CAC, Vilnius, Lituanie (2014); Travail et attente, Musée d'art de Santa Barbara, Californie (2013); Conjuring for Beginners, Project Arts Center, Dublin (2012); et Making is Thinking, Witte de With, Centre d'art contemporain, Rotterdam (2011). En 2012, ils ont remporté le prix Marcel Duchamp.

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David De Tscharner, 2019

Troisième résident de L'Atelier Pierre Culot, David de Tscharner a séjourné à Roux-Miroir au mois d'août 2018. Ses créations témoignent d'un jeu entre le passé et le présent de l'Atelier, entre construction et déconstruction, dans une démarche s'affirmant volontairement ludique

David de Tscharner apprécie se nourrir du contexte et de l'atmosphère des lieux qu'il inves­tit. Pour cette résidence, le sculpteur s'est d'abord inscrit dans le quotidien de l'atelier, apprenant les rudiments techniques de moulage des assiettes au contact de Pascal Slootmakers, le responsable de l'atelier.

Une fois la technique maîtrisée, l'artiste a ensuite réalisé des assiettes sur lesquelles il a com­posé des architectures, travaillant des fragments de vaisselle moulée. Ses créations témoignent d'un jeu entre le passé et le présent de l'atelier, entre construction et déconstruction, dans une démarche s'affirmant volontairement ludique. L'histoire du lieu comme la personnalité de Pierre Culot traversent ces créations.

Dans un troisième temps, David a procédé à l'émaillage. Plutôt que d'émailler les pièces une par une, à la manière de ce que préconise un travail artisanal, il a empilé ses assiettes en tas, s'inspirant des tas de vaisselle présents ici et là dans l'atelier. Se faufilant entre les interstices et les creux, l'émaillage soude l'assemblage proposé par l'artiste. Ainsi utilisée, la technique ne finalise pas la pièce, mais intègre l'œuvre, rendant visible le processus de création.

Le résultat devient collage. Alors qu'il y avait une distinction claire chez Pierre Culot entre le travail de sculpteur et celui d'artisan, David de Tscharner s'approprie les deux statuts qu'il réunit plutôt qu'il confronte, créant une ambiguïté entre l'objet et la sculpture, entre la perception de ce que l'on voit et l'œuvre que l'on appréhende. L'objet utilitaire devient sculpture.

Né en 1979 à Lausanne, il est diplômé de l'ESBA, l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Genève, et de La Cambre, à Bruxelles, où il enseigne. Il a collaboré avec des artistes tels que Florence Doléac, Benoit Platéus, Céline Vaché-Olivieri, Charlie Jeffery, Gabriel Ghebrezghi (Ghostape), Eric Croes et Jean-Baptiste Bernadet. Sa carrière artistique décolle en 2012 avec une première exposition personnelle, One Sculpture a Day Keeps the Doctor Away, à la galerie Aliceday, à Bruxelles. Ce projet témoigne d'un travail d'une année pendant laquelle l'artiste a réalisé une sculpture par jour, les diffusant sur le site www.1sculp­ture1day.com. David a depuis participé à de nombreuses expositions individuelles et col­lectives en France, au Luxembourg, en Belgique et en Suisse. Il est représenté par la galerie Valeria Cetraro à Paris.

Mon Colonel Et Spit

Mon Colonel & Spit, 2019
en collaboration avec Alice Gallery

Pour cette quatrième résidence, l'Atelier Pierre Culot a invité le duo d'artistes Mon Colonel & Spit. Pascal Slootmakers, céramiste à l'atelier depuis plus de trente ans, a appris aux artistes la tech­nique du moulage. Ceux-ci se sont amusés de certaines particularités du travail de l'émail, lais­sant sur les créations les coulures et autres traces inattendues, habituellement rejetées par les céramistes. Ils rejoignent là une manière de faire de Pierre Culot qui, lui-aussi, appréciait ces petits accidents liées aux charmes de la création. Cent vases ont été réalisés. Chaque pièce est unique. L'ensemble est hétéroclite, à l'image du travail du duo, mais chacune laisse entrevoir l'univers poétique des Liégeois.

L'Atelier Pierre Culot s'intéresse aux artistes dont l'univers touche de près ou de loin à la céra­mique. En juin dernier, ses responsables ont beaucoup aimé l'exposition du duo d'artistes Mon Colonel & Spit, présentée chez Alice Gallery. Intrigué par l'univers créatif de ces deux Liégeois, à la fois généreux et iconoclaste, drôle et décomplexé, l'Atelier Pierre Culot leur a fait une pro­position de résidence que le duo a acceptée.

Celui-ci connaissait l'œuvre de Pierre Culot. Passionné par la céramique, Éric Bassleer s'est intéressé à son univers après avoir déniché, sur une brocante, un vase réalisé par l'artiste. À Roux-Mirroir, le duo a apprécié la tranquillité de la campagne, prenant plaisir à rencontrer les voisins et les habitants. Mon Colonel & Spit ont également apprécié découvrir l'atelier et son histoire. Le vase Citroën l'a intrigué. Il s'agit d'une création réalisée par Pierre Culot pour le constructeur automobile français, en 1970. À l'époque, tout nouveau propriétaire d'une Citroën recevait ce vase en cadeau. On s'est demandé, précise Mon Colonel, ce qui pouvait bien passer par la tête des gens lorsqu'ils recevaient ce cadeau. Le vase est à l'origine des 100 pièces dessi­nées et réalisées par le duo pendant la résidence.

Ce duo se compose d'Éric Bassleer, aka Mon Colonel (Liège, 1974), et de Thomas Stiernon, aka Spit (Liège, 1977). Il s'est formé à la suite de la scission, en 2008, du collectifERS, un collectif de graifeurs et de street artists. Leurs œuvres sont réalisées à quatre mains. Les artistes s'expriment par le dessin, la peinture, la sculpture, la photographie, des installations et, depuis quelques années, la céramique. Outre les rues de Liège, leurs influences vont de la Beat Generation au graffiti, en passant par l'Art Brut, l'architecture brutaliste et les bruits du quotidien. Le duo a récemment exposé au BPS22, le Musée d'art de la Province de Hainaut, au Mima museum, chez ALICE Gallery, à Bruxelles et collabore également avec Hervet Manufacturier, à Paris.